Le 14 novembre 2007, Mohammad est en patrouille avec huit officiers britanniques et 20 soldats de l’armée afghane. Depuis trois ans, le jeune homme est interprète de l’armée anglaise. Il travaille sur les zones de combat, dans une des régions les plus dangereuses du sud de l’Afghanistan, l’Helmand. De retour de patrouille, les blindés anglais s’approchent de la base quand un IED, une bombe artisanale, explose. Un officier britannique est tué, Mohammad est gravement blessé.
Depuis plusieurs années, Mohammad reçoit des menaces : des coups de téléphone anonymes, des lettres reçues la nuit, des inscriptions sur la porte de chez lui... Quand ces menaces deviennent quotidiennes, Mohammad décide de laisser sa femme et ses trois enfants pour rejoindre l’Angleterre. Avec 15 000 dollars en poche, il traverse l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la France. Un mois plus tard, Mohammad arrive à Londres.
L'ancien interprète se rend dans un poste de police pour raconter son histoire. Il est placé dans un centre de rétention. Trois semaines plus tard, l’ancien interprète est installé dans une petite chambre. Il vit avec une cinquantaine d’euros par semaine. Pendant près d’un an et demi, Mohammad attend une réponse des services de l’immigration jusqu’au jour où il apprend que sa demande d’asile est refusée.
Des journalistes s’emparent de l’affaire. Très vite, des députés et une avocate, spécialisée dans la défense des droits de l’homme demandent au gouvernement britannique d’accueillir l’ensemble des interprètes afghans. L’association Avaaz lance une pétition de soutien aux interprètes. Après avoir été signée par 82 000 personnes, elle est solennellement déposée en août 2013 devant le bureau du premier ministre David Cameron par d’anciens militaires.
Mohammad Rafi Hottak devient le visage des interprètes abandonnés en Afghanistan. Aujourd’hui, ce père de trois enfants vit à Birmingham. Il conteste le dispositif du gouvernement devant la Haute cour de justice britannique et attend sa famille restée à Kaboul sous la menace des taliban.